Mercredi 7 juillet.
Petit déjeuner englouti à 7 heures, nous sommes partis. Qu’est-ce qui pourrait m’étonner ce matin ? À peine sur la route principale avec notre 4×4, nous croisons deux gars à vélo transportant chacun, dos à dos, deux sommiers de lit d’une personne. Ben oui, pourquoi pas ? Ici, cela ne choque personne.
Peu de temps après, sur cette nationale, nous prendrons un sentier sur la droite. À partir d’ici, nous ne roulerons plus qu’entre 15 et 30 km/h tout au long. Le sentier est fait de terre rouge qui, au fur et à mesure, deviendra sableux et blanc. Toujours les mêmes cases à gauche et à droite sur des dizaines de kilomètres. Après 1h30 de route, nous rentrons dans une forêt arborescente. Ici, fini les habitations. De temps à autre, nous voyons des zones de forêts abattues manuellement pour l’utilisation du bois. Les arbres sont coupés à la machette. Les seules cases que nous croisons sont des postes de vente qui permettent d’acheter des produits locaux ou de l’essence. Ils cultivent du manioc et du maïs. Voilà 3 heures que nous roulons, et toujours rien ! Ah si, enfin, la voilà.
La mine de Muhano. C’est une jeune mine où le travail se fait encore à la pelle et au seau. Les propriétaires sont de jeunes entrepreneurs maliens (Mahamadou et son frère) venus s’essayer dans la région. Ces jeunes sont déjà de vrais businessmen à leur façon en ville. Ils ont des magasins de vêtements qu’ils font venir de Chine pour les vendre dans leurs shops qu’ils font tenir pour de jeunes employés le long des routes.
Ils sont pour l’instant dans le sondage de leurs parcelles à chercher à quels endroits propices démarrer. Nous visitons les 3 trous en formation, ayant chacun une profondeur approximative de 20 mètres. Ce sont des tourmalines dans le quartz, de la lépidolite que nous y trouvons essentiellement. Moment complice avec les mineurs, pour qui des étrangers qui souhaitent descendre dans leur cœur de travail n’arrive jamais. On les entend rire à chaque pas de la descente, voyant bien que nous ne sommes vraiment pas aussi à l’aise qu’eux pour poser les pieds.
Le cœur de ces mines est souvent chaud, humide et accompagné de quelques insectes bien charmants. On y suit souvent un front de taille, donc les pierres que l’on aperçoit sont uniquement celles que l’on a devant soi en creusant, les qualités gemmes ayant déjà été sorties plus tôt.
La remontée de la mine est tout aussi gag, il nous faut faire des enjambées énormes sur des bois mouillés et pivotants, un vrai cirque. Satisfaits du voyage, c’est sur les rires que chacun rejoint l’endroit commun pour boire le café.
Plus le temps de faire la route pour notre rendez-vous de 13h à Naïpa. Nous demandons à Mamadou si nous pourrions y aller en moto. C’est volontiers qu’il nous prête deux de leurs chauffeurs et deux motos. Nous voilà partis pour une heure de défonce cucul.
C’est par un dédale de très petits sentiers dans les bois à peine plus larges qu’une moto qu’il nous faudra sillonner. En évitant d’énormes souches et de gros cailloux, en enchaînant tantôt de fortes pentes et tantôt de belles montées, où les racines sortant de terre ne cessent de nous faire bondir de notre selle.”
Nous avons visité la mine de Naïpa avec Paul, le manager, et sa charmante femme Alice. Ils nous ont préparé une fabuleuse quiche pour notre arrivée, que nous avons dégustée sur un point de vue très agréable de la mine, sous une tente, avec un beau soleil.
Naïpa est une grosse pegmatite d’une puissance de plusieurs centaines de mètres. Simon, Paul et Johao ont une connaissance en commun : Jean Claude Nyddeger, propriétaire de mines (Nova Santa Rose et Tsigana) habitant à Théophilo Toni. Ce Portugais, qui vient régulièrement travailler sur la mine, s’occupe de l’identification de la plupart des minéraux de la pegmatite et est également professeur à l’université de Praga.
Nous avons trouvé de superbes pierres, notamment de la tourmaline. Johao, géologue brésilien, nous a accompagnés dans la visite. Paul a travaillé en Namibie pour Desmond Sacco, le plus gros collectionneur africain, et a également géré la mine de Muiane auparavant.
Il était temps de rentrer, mais nous avons traîné et les chauffeurs de moto s’impatientaient. Ils savaient que la route pour rentrer dans le noir serait très compliquée, et ce fut le cas. Nous sommes arrivés au dernier rayon de soleil, après avoir chuté plusieurs fois sur le chemin. Simon a fait une chute spectaculaire à 100 mètres de l’arrivée, dans la rivière.
Nous avons ensuite repris la voiture pour ramener un mineur malade chez lui. Il était impossible pour lui de rester dans la jungle sans médicaments ni soins de santé à proximité. Nous sommes rentrés à l’hôtel trois heures plus tard, où nous avons dégusté un plat de poulet riz frit avant d’aller nous coucher. Demain, départ à 7 heures.