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Jour 13 : Vendredi 9 juillet 2021

Vendredi 9 juillet

 

La mine de Murrua est située face au Mont Morrua et contient beaucoup de lépidolite (excès de lithium cristallisant sous forme de lépidolite) ainsi que du spodumène sous forme de longs bâtonnets blancs, associé à la morganite et au quartz.

La lépidolite ,est un minéral de la famille des micas, mauve, qui contient du lithium en quantités significatives. Le lithium est un élément chimique métallique, souvent utilisé dans les  batteries et les médicaments.

Lorsqu’il y a un excès de lithium dans une roche, il peut cristalliser sous forme de lépidolite, formant des cristaux brillants et souvent colorés. La lépidolite est souvent associée à d’autres minéraux comme la tourmaline, la spodumène et la mica, et peut être extraite pour récupérer le lithium.

Le lithium est un élément important pour les industries électroniques et des batteries, car il est très léger et a une forte capacité de stockage d’énergie. Il est également utilisé dans les médicaments pour traiter certains troubles psychiatriques, comme le trouble bipolaire.

Murrua est l’une des plus grandes mines d’extraction de tantale au Mozambique, où le tantale se trouve avec une teneur d’environ 0,07 %. Cela nécessite donc des volumes colossaux d’extraction de matières premières. Les ouvriers extraient le tantale de cette mine par broyage et nettoyage, et le matériau est transporté sur des tapis vibrants pour séparer le tantale du reste en fonction de la densité. Il y a d’énormes machines qui travaillent sur ce site, ce qui en fait une mine à exploitation industrielle, contrairement à celles que nous avons visitées précédemment. Cependant, en dehors du broyage des matériaux extraits, il n’y a rien de particulier à voir sur le site.

Nous avons été accueillis par les géologues de la mine qui nous ont expliqué leur méthode de fonctionnement avant de nous faire visiter le site. Autour de la pegmatite, la plupart des zones visibles de cristallisation sont marquées par des lentilles de cleavelandite altérée, où de nombreux cristaux se sont certainement formés mais sont aujourd’hui également altérés. Il est possible de trouver des tourmalines et quelques spodumènes bien formés, ainsi qu’une variété d’autres minéraux tels que le quartz, la fluorine, la galène, le béryl, la Stibio-tantalite, le rutile, etc.

Une fois la visite terminée, nous avons été invités à manger avec les ouvriers dans leur cantine installée dans des containers. Au menu : poulet, manioc, riz et sauce + chili avec le Mont Murua en toile de fond. C’était un moment magique et particulier d’être à cet instant au même endroit que les ouvriers de cette concession.

Nous nous sommes ensuite rendus à la mine de Marropino, dans le district de Mulevala, dans la province de Zambezie au Mozambique, à 16° 30′ 29” sud et 37° 53′ 59” est. La route pour y arriver était pire que les autres, faite de montées et de descentes avec des creux de 3 mètres remplis de trous et de cailloux tous les 5 mètres, telle une mer déchaînée.

Après 1h30 de route nous voilà arrivés à la mine de Marropino. Ici, c’est différent : il y a des gardes de sécurité partout, la mine est entourée de barbelés avec des lames de rasoir du haut en bas. Les portes s’ouvrent d’une manière particulière qui permet aux gardes de nous ouvrir que d’une certaine manière. La sortie de la mine nécessite une fouille en bonne et due forme.

Marropino est aujourd’hui une exploitation de tantale et de morganite.

Leo, le géologue que nous avons rencontré, nous a d’abord fait faire le tour de la carrière pour avoir une vue complète du site.

Cette mine a été exploitée pour sa pegmatite, qui est maintenant sous eau. Les remblais ont été stockés sur le site et sont actuellement retraités pour leur teneur en tantale. La pegmatite kaolinisée sur le dessus affiche des endroits  stériles de feldspath blanc. On remarque le long du site de la cleavelandite altérée. La cleavelandite, un minéral de la famille des feldspaths, est principalement composée d’aluminium, de potassium et de sodium et peut subir diverses altérations en fonction des conditions environnementales, telles que l’exposition aux acides, aux sels et à l’eau. L’altération peut se manifester par la formation de nouveaux minéraux, tels que des argiles et des oxydes, ainsi que par la dissolution de certains de ses composants. Ces changements peuvent affecter la couleur, la texture et la composition chimique. La cleavelandite est souvent associée à des minéraux tels que la muscovite et la biotite. Lorsqu’elle est soumise à des processus d’altération hydrothermale, elle subit un processus d’albitisation. L’albitisation de la cleavelandite implique la transformation partielle ou totale de la cleavelandite en albite, un feldspath riche en sodium. Ce processus peut se produire sous l’effet de la circulation d’une solution hydrothermale riche en ions sodium, ce qui entraîne sa dissolution partielle.

L’amphibolite encaissante visible est elle aussi fortement altérée. Seuls des dessins de nodules sur les parois de la roche laissent entrevoir des traces probables de boules de cleavelandite avec des micas et des quartz qu’il devait y avoir autrefois.

Le sol est blanc comme neige, constitué de poudre de feldspath. Quelques quartz et des masses ferreuses de 10-15 cm nous donnent également peut-être la trace de grenat. Plus aucune trace de lépidolite, uniquement des micas blancs. Nous ramassons sur le chemin des pierres ressemblant au quartz mais ayant un habitus hexagonal, il pourrait s’agir de goshénite. Nous prenons quelques échantillons qui nous permettront de faire des tests.

Nous allons ensuite sur les remblais qui sont aujourd’hui à nouveau triés par la société Highland African Mining Company, propriété de Noventa Group (basée à Jersey). Ils en extraient le tantale et la morganite.

Celles-ci n’étaient pas gardées anciennement car pas intéressantes économiquement. Nous sommes suivis de près sur le terrain par les gardes à moto. Il nous est strictement interdit de prendre le moindre échantillon sur cette section. C’est ici une histoire de gros sous et il n’est plus question de prendre la moindre pièce.

Nous trouvons de beaux grands cristaux gemmes de morganite qu’il nous faudra laisser sur place.

Nous visitons finalement les installations scientifiques avec laboratoire d’analyse du tantale, qui leur permettent de dessécher les produits broyés afin d’obtenir les valeurs du carottage.

C’est ici que nous quittons les ouvriers passionnés par leur travail.

Comme nous dormions sur place cette nuit, ils nous offrirent le souper : poulet, riz provençal et poivrons, What Else ?

Avant de nous rendre à nos appartements, on nous annonce qu’exceptionnellement, ils nous ouvriront leur coffre-fort le lendemain pour que nous puissions jeter un œil sur les stocks de morganite en attente d’envoi vers les marchés thaïlandais et indien. Nous passerons une bonne nuit de repos magnifique entourés de cochons, de chèvres et de chiens.